Les évènements, fluides comme le vent, qui surviennent autour de nous, soufflant le chaud et le froid, éveillant des rêves colorés par nos frayeurs, nous font quelquefois tempêter sous l’effet de la peur.
Les évènements sont soumis à la dynamique des fluides, tout comme le vent qui réagit de façon interdépendante entre deux circulations de fluides opposés, créant une agitation et un tourbillon de réactions. Face aux évènements qui surgissent à l’improviste, la personne qui en perçoit les effets se dit que « le vent tourne », car sa situation est en train de changer. Cette personne peut alors percevoir le « vent réel », qui est ressenti lorsqu’elle demeure immobile afin de ne distinguer que le déplacement de l’air qui tournoie autour d’elle, de sorte qu’elle soit en mesure de le différencier des autres composantes de l’évènement engendré par ce déplacement. La personne peut aussi percevoir le « vent apparent », qui est ressenti lorsqu’elle réagit, de sorte que sa perception soit relative à la somme de la cause et de sa réaction. Cette perception relative peut alors engendrer la peur et des rêves qui défilent sans cesse, colorés par ces peurs qui sont vécues comme étant réelles.
Selon la culture amérindienne, l’humanité fait partie du Grand Esprit, le créateur du monde de la forme. Celui-ci nous inspire des rêves afin que nous puissions mieux nous comprendre, car le rêve est l’expression de l’âme. S’il est compris, il permet de se libérer et de rétablir l’équilibre. Les amérindiens utilisent ainsi un capteur de rêves afin d’aider à comprendre les messages de l’âme, ce qui permet de maîtriser ses pensées et sa vie. Le capteur est accroché à une fenêtre et danse au gré du vent tandis que la personne dort. Au lever du jour, le capteur de rêves lui permet de comprendre ses peurs inconscientes et de s’en libérer. L’origine du capteur de rêves est la légende du chasseur qui fit un jour face à une bête effrayante et qui, chaque soir, était la proie de rêves qui le hantaient tandis qu’il revivait inlassablement sa rencontre avec la bête qui le fixait de ses yeux de la couleur du sang. Sa vie était affectée et un soir qu’il ne dormait pas, il se leva pour aller vers la forêt. Il s’endormit dans la nature et, au moment de « l’éveil », il fut émerveillé par le fait qu’il n’était plus hanté par de mauvais rêves. Il leva les yeux et aperçut au-dessus de lui une toile d’araignée illuminée par le soleil levant et dansant dans le vent.
Sans l’aide du capteur de rêves, les peurs engendrées par le « vent apparent », qui est causé par le déplacement des évènements, se transforment en rejet de certaines personnes et situations. C’est un sentiment qui est teinté par l’expérience de la relativité et qui crée des images qui défilent sans cesse et qui hantent les esprits qui vivent tournés vers le passé, réagissant en boucle à la bête qui les hante. Le capteur de rêves nous permet d’identifier cette bête effrayante, mais cette identification ne suffit pas à rétablir l’équilibre, car l’énergie de la peur ne peut être déplacée que si elle est remplacée par celle de la compassion. Le remplacement de l’énergie de la peur permet d’identifier le « vent réel » et ses composantes, car nous sommes en mesure de percevoir que, si notre comportement négatif est l’effet de la peur, la même chose est vraie pour les autres. Arriver à voir au-delà du « vent apparent » pour voir le « vent réel » permet de faire l’expérience du fait que toute agressivité active ou passive chez les autres est engendrée par différentes sortes de peurs qui ne sont pas captées et qui mènent à un comportement inconscient. L’on peut alors percevoir des comportements agressifs avec une compréhension qui mène à de la compassion, plutôt que de renforcer nos propres peurs ou notre agressivité. Alors, nous nous libérons du poids de nos peurs et de nos peines et sommes en mesure de vivre sans ces fardeaux qui sont le fait d’une perception qui est liée aux apparences et qui est donc inconsciente.
Cette prise de conscience du rêve et de la réalité permet de comprendre son environnement et ainsi d’être en harmonie avec celui-ci, car la compréhension des motivations des autres fait que cet environnement n’est plus étrange et ne nous rend donc plus étrangers, ce qui ne créera plus de confrontations et de turbulences. Dans cet état d’esprit, on devient attentif et on développe le 6e sens proverbial du monde naturel, ce sens n’ayant rien de magique car il est lié à notre capacité de raisonner par l’observation détachée de notre environnement afin de le comprendre et d’en saisir les tendances. Lorsque l’on comprend un schéma de comportement pouvant nous affecter, on a alors tout le loisir d’en changer les paramètres pour modifier le schéma et réduire les possibilités de conflit. On dirige alors son attention comme le ferait un animal qui se fige afin de prêter une oreille attentive à son environnement. La personne qui parvient ainsi à maîtriser ses peurs et ses pulsions primaires canalise cette énergie vers son esprit, ouvrant la voie à la connaissance spirituelle qui lui parvient de son environnement.
C’est la voie de la conscience, car la personne parvient alors à transférer son attention sur son environnement, plutôt que sur les sentiments qu’elle éprouve par rapport à des évènements où elle serait impliquée. Généralement, on pense que mener une vie saine et méditer suffisent pour « éveiller » notre conscience, mais symboliquement, cela ne représente que la forge qui est nettoyée afin de nous permettre de nous mettre à forger et à améliorer la qualité de nos vies. Forger signifie alors nous « éveiller » à notre environnement, plutôt que d’être constamment en train de penser à nous-mêmes, afin de décider de capter nos rêves effrayants qui menacent notre équilibre. On peut ici prendre le symbole d’Héphaïstos qui était symboliquement très laid mais qui parvint à forger des créations si belles et si puissantes qu’elles étaient imprégnées de magie et qu’il parvint même à éblouir la belle Aphrodite dont il conquit le cœur. Héphaïstos étant associé au feu, il permet donc d’obtenir la lumière.
La capacité de forger une attention réelle permet de ne pas se laisser perturber par son environnement, car se laisser perturber signifie être en train de penser à soi et à des rêves effrayants qui ne seraient pas captés. Elle mène à un détachement sur le plan émotionnel qui n’est pas en désaccord avec la compassion, car l’écoute signifie la dissolution de ses peurs afin de voir ce qui motive l’autre, comme un projecteur qui se dirigerait sur un point afin d’en éclairer toutes les facettes. Si nous parvenons à diriger ainsi nos esprits devant le petit écran, nous pouvons faire de même devant le grand écran de la vie. Le projecteur est notre esprit qui se divertit, qui choisit les émotions qu’il souhaite ressentir et les rêves qu’elles façonnent. La mise en marche de ce projecteur projette une lumière dont nous sommes des metteurs en scène étant capables de la magie d’Héphaïstos.
En nous plaçant dans la réalité, nous serons en mesure de façonner nos rêves. Alors, lorsque nous nous projetterons dans le grand écran de la vie, nous accueillerons tous les personnages de façon « éveillée » en leur demandant quel « bon vent » les amène?
Source: http://valeriecharoux.unblog.fr
Trouvé sur Humanity’s Team
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